1. |
Tout ce qui brille
05:00
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J’avais besoin d’une job plus payante que l’reste, fait que j’ai décidé de prendre mes affaires pour l’ouest, j’me suis dit qu’une mine c’est l’genre de chose qui illumine, que là où l’or pousse, les gens doivent avoir un sourire plus grand pis plus rare que tous…fait que j’ai faite les files d’attente matinales comme tout bon mineur pis j’ai mis en marche ma machine à creuser, là où le soleil est à 10 000 de pouvoir venir m’aveugler…J’suis devenu noir de boulot à force d’accumuler la poussière de la roche dans les pores de ma peau, mais j’me suis dit qu’il fallait que j’creuse pour le lingot, que j’creuse pour l’impôt, pis que j’creuse sachant que mon quart de shift allait finir bientôt…j’avais jamais touché à de l’or auparavant, je l’avais juste vu dans les films pis dans les vitrines, sous les lampadaires des néons pis dans le cou des pharaons…j’avais hâte de voir la binette de ma première pépite, j’me disais que ça allait être l’extase comme une paire de St-Joseph qui t’excite, que mes pupilles se seraient dilater d’électrochocs pis d’émotions fortes mais c’est seulement là que la dynamite m’a frappé…quand après une semaine de peine pis de misère chu enfin tombé en plein dessus, seulement ça m’a laissé aigre pis déçu parce que ça l’avait rien avoir avec l’or qu’on voit dans les vues, non j’suis tombé sur de l’or mou, de l’or nu, sur de l’or caoutchouc, sur de l’or fade pis sans goût, c’était même pas jaune à vrai dire, c’était guédille pis guénille, c’était sal, c’était de l’or qui avait le goût de se contredire, c’était une béquille de déception, c’était ni l’or des rois mage, ni celui des centre d’achats, non mesdames et messieurs j’suis tombé sur de l’or bouilli pour les chats…tête basse, j’suis retourné chez moi pis là j’ai pris mon gars dans mes bras, pis c’est comme là que le coup d’éclat est venu me frapper comme un coup d’état…c’est là que j’ai réalisé que dans l’fond, l’or ça pousse pas dans les profondeurs souterraines mais dans profondeur des cœurs, l’or c’est comme la richesse intérieure qu’on porte au quotidien, que l’or c’est juste l’extra de raison qui manque à mon verre de vin, non l’or c’est danser dans la tempête, l’or c’est sensé m’donner le goût de m’élancer dans mes pensées, non l’or c’est comme une neige de novembre qui descend du ciel pour me rafraichir l’esprit, c’est une brise de liberté qui me permet de m’envoler en pleine nuit, non l’or c’est toute l’intrigue d’une vie qu’on découvre sur le fil doré d’une passion, l’or c’est sortir d’isolation…non la vérité c’est que l’or est un métal qui brûle en dedans de nous-mêmes, loin des millionnaires enivrés, parce que l’or c’est pur pis c’est vrai, pis ça se voit à travers de mes traits…j’ai du creuser pour le voir, creuser pour le croire, creuser sans boussole, creuser dans un grand tunnel noir jusqu’à perdre le nord, mais creuser pour pas tomber, creuser dans le fleuve des épreuves, creuser jusqu’à preuve du contraire, creuser jusqu’à moelle épinière…j’ai creusé dans ruine, j’ai creusé dans frime, j’ai même creuser jusqu’en Chine, mauzus que j’ai creusé en crime! J’ai même creusé dans l’désespoir, j’ai creusé des soirs sans mirador, mais bon sang que je sais maintenant que c’est en creusant que l’on réalise que tout ce qui brille n’est pas d’or
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2. |
Ma langue
03:20
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Ma langue c’est un chaland qui transporte des vivres sur l’autre bord des rives,
C’est des ponts qui détruisent des murs,
C’est le métal de mon armature,
C’est la langue des poètes,
C’est la résistance qui se déchaîne face à l’insurrection,
C’est la plume de Delorimier pris dans les barreaux de l’occupation,
C’est le bastion de ma résistance,
Le clairon de mon existence,
C’est le cancer de Durham,
C’est les couleurs d’une murale,
C’est tous mes ancêtres qui me soufflent une brise rurale,
Ma langue est en moi pis chu incurable,
C’est mes artères, mes veines, mes bonheurs, mes peines,
C’est tout mon âme qui se dégaine,
C’est ce qui rallie mes côtes à celles d’Algérie,
C’est ce qui se ressemble, ce qui s’assemble,
C’est ce qui descend du ciel au mois de décembre,
Ma langue c’est le je du nous,
C’est la Côte-Nord des Innus,
C’est des Pea-soup qui montrent qui sont pu des pissous,
C’est des ‘’J’te paye une broue’’ pour que j’te parle de s’te pays de fous,
C’est le combat du Bas-Canada,
C’est les traces de bottes d’un Patriote dans une tempête de neige de Toundra,
Ma langue c’est cette toune-là,
C’est une chanson que j’fredonne,
C’est des frissons que j’te donne,
C’est des Gaulois qui ne veulent rien savoir de vos lois,
C’est la foule que je côtois,
Le moule de nos joies,
Le coup de boule de nos droits,
C’est l’eau-de-vie de nos soifs,
Nos devises de nos rois,
C’est mes cordes vocales que j’abois,
C’est les amygdales de mon peuple quand mon peuple est à bout,
C’est mes poumons quand chu à bout de souffle,
Fais-en pas une histoire taboue,
Comprends que ma langue c’est pas personnel,
C’est fait pour qu’on se sente tous dans l’oreille comme un perce-oreille,
Pis que ça fasse la boucle des consciences,
Ma langue c’est l’encre qui coule sur une page d’histoire,
C’est toutes les coupes Stanley de Maurice Richard,
C’est un oiseau rare qui chante ses gloires,
Ma langue c’est mon terroir,
C’est un territoire sans douanes,
C’est l’accent joual,
Les habitants créoles pis les sentiments provençaux,
Ma langue c’est blanc, c’est noir,
C’est mauve, c’est brun pis c’est jaune et jovial,
C’est notre monde social,
Notre royaume convivial,
Notre rayon qu’on se partage,
Oui ma langue peut jouer des tours,
Oui elle cause du trouble pis elle fesse des tours,
Mais au moins elle n’a pas de branding comme les panneaux sur les routes,
Ma langue c’est une voie lactée dans un tourbillon d’émotions,
C’est des émoticônes qui jaillissent de mes mots de potions,
C’est la magie humaine en pleine action,
Laisse-moi te cracher ma langue dans ma rédaction,
Soulager mes infractions,
Me protéger des invasions,
Te partager mes intentions,
Laisse-moi me gaver d’un six pack de syntaxe,
Que j’te saoule ton oreille sourde,
Que j’vocabule l’atmosphère,
Avant que le silence règne comme un dictateur en colère,
Ma langue c’est pas qu’un manuel scolaire,
Un ortographe pis une grammaire,
C’est aussi ma grand-mère qui se berce,
C’est des averses que je déverse,
C’est un gros mammifère qui te bouleverse,
C’est un bulldozer qui roule sur le boulevard de mes textes,
Laisse-moi te text ou te chat ma langue,
Que je permette à mes fréquences de se répandent,
Pis que j’mette un pansement aux malentendus,
Ma langue c’est le métronome de mon cœur qui fait vibrer mes humeurs,
Que j’fabule, que j’divage, que j’dis rien, que j’patauge, que j’m’appose, que j’m’appôtre, que j’chapeaute pour ma propre paroisse, que j’m’émois pendant des mois,
Cette langue c’est moi, c’est toi, c’est lui, c’est elle, c’est vous, c’est nous, c’est chez-nous,
Je t’y invite, tire-toi une buche, pis fais comme chez-vous
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3. |
Interlude I
02:23
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4. |
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Derrière ma maison de banlieue
Y'avait un champ sur plusieurs âcres
On allait occuper les lieux
Pour voyager dans les âges
Avec du carton pis des planches
Avec des branches pis quelques pièces
On s'improvisait une tente
On y voyait une forteresse
Un ballon d'hélium en cadeau
Qui vient de s'envoler dans les airs
J'espère au moins qu'un astronaute
Pourra me l'ramener sur terre
La glacière su'l vélo
Fait son tour dans le quartier
Vite j'achète un popscicle
Faut pas qu'ça fonde dans le papier
Le ciment qui brûle sur mes pieds
Pis la piscine municipale
Est-ce qu'elle m'aime a la folie?
J'délaisse le mystère aux pétales
Ça va vite comme ça pas d'sens
Déjà faut retourner à l'école
C'est le temps de se refaire des connaissances
À l'aube de la récolte des pommes
À l'Halloween on a gagné
On est ninja ou samouraï
Pour la première fois de l'année
On peut réellement être nous-mêmes
Avant de m'reposer la tête
J'cherche réponses aux hypothèses
Comme un feuillu qui a peu d'lumière
Qui aurait besoin d'photosynthèse
Alors qu'les feuilles mortes trimbalent
Les oiseaux pensent à faire le sud
J'entends leurs chants comme des guimbardes
Faire un tango à la pleine lune
C'était dans un parc un peu plus loin
Que l'hiver faisait son décorum
J'prenais mon sac pis mes patins
J'étais Maurice richard au Forum
La neige qui tombait en rafale
Mes yeux devenaient un microscope
Notre arbre devenait un corail
Ma cours arrière un aquarium
Le temps des fêtes c'est l'image
D'enfants qui s'lève tôt le matin
Pour deviner qu'est-ce qui s'cache
Dans les cadeaux sous l'sapin
La forêt c'est une vieille grand-mère
Qui connait toute sorte de récits
Tu vois -tu ces traces dans neige?
C'est peut-être la preuve du yéti
Mon meilleur chum, meilleur ami
On était proche apparemment
Peut-être qu'un jour on allait vivre
Dans l'meme bloc appartement
Un jour on jouait au chef d'État
Ou au plus fort de la montagne
Y'avait d'quoi rire jusqu'aux éclats
Quand le soleil nous raccompagne
Feu d'artifice dans le ciel
Qui m'émerveille a perfection
J'attrapais tous ces étincelles
Pour les mettre à ma collection
Mes sacs de billes, mes cartes de sport
Ma chambre connait tous mes secrets
Ma vieille commode est un trésor
Que j'cache des pirates en retrait
Les vendredis soir de pizza
L'odeur d'la sauce spag à ma mère
Mais faut pas manquer l'épisode
De passe-partout à 6 heure
La fin de semaine dans le bois
Les tours à la cabane a sucre
Une oreille de christ dans mon plat
Pis l'autre bien cachée sous ma tuque
Le printemps, les peines d'amour
Plus jeune j'étais allergique aux filles
Quand la neige fond, j'me joue des tours
Pis j'fais la cours aux myrtilles
Du haut des arbres tombent des hélices
Un rêve vient tout juste de naître
J'graverai l'ciel pis ses limites
En m'fesant un hélicoptère
Une chaîne de bicyk sur un banc
Le mystère d'une bouche d'égout
Le lapin d'Pâques, la fée des dents
Pis mon voisin qui connait tout
Le sourire d'un jour d'avril
Le père qui revient de l'office
La pluie qui tambourine la vitre
L'ennui d'un jour pédagogique
C'est les gravures de ma mémoire
Ici pas d'histoires de vengeances
Pas de malheurs ni de déboires
C'est les 4 saisons d'mon enfance
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5. |
Le miracle
03:35
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Tant que y'aura de l'espoir
J'me dit qu'il sera jamais trop tard
J'ai vu une ville de charbon
Devenir une mine d'or,
J'ai vu une fleur éclore
Sur des champs qu'on cultive à jets d'chlore,
J'ai vu s'réveiller une âme
Comme le Christ au temps d'Pâques,
noirceur , lumière étroite ,
J'ai vu des gens s'dirent tant pis j'men vais m'battre,
Même si on m'tire dans dans les pieds
C'est mieux que d'marcher à 4 pattes,
J'ai vu un reptile devenir un oiseau,
Un textile devenir un toxedo,
La vie c'est une bête qui dépassent les bornes? Tu dis?
J'ai vu des gens dans l'arène la traîner par les cornes, j'te dis!
J'ai vu des gens traités d'cave,
Finir avec un doc ou un bac,
J'ai vu des gens s'hair la race,
Devenir des chums inséparables,
Morceaux d'vitres, fonds d'ruelles,
J'ai vu des gens vider l'fond d'une bouteille
Pour suivre le courant de leur passion
Plutôt que d'mourrir dans boisson,
Avec le stress à fond la pédale,
J'ai vu des gens devenir star de spectacle,
J'ai croisé des gens ordinaires
tromper leur destin d'misère,
Ordures, bouchons d'bieres
Pis quartiers sanguinaires,
J'ai quand meme vu des bourgeons pousser en hiver,
J'ai vu un tunnel pousser d'la lumière,
Je l'ai vu live and direct,
À quelque part, pas loin des portes du Québec,
J'ai vu une plante prendre de l'ampleur
Dans un nid d'poule de St-Rédempteur,
Un second souffle,
J'ai vu des gens tromper diagnostic
La mort pis toute sorte de pronostic,
J'ai vu des athlètes qui ont de l'arthrite,
Mais qui ont l'coeur au ventre multiplié par dix,
J'ai vu une jeune fille qui a jamais pu rêver,
Déserter l'enfer du coin d'rue Eddy,
On m'a déjà dit j'lâche le casino Asteur
Parce que j'sais qu'la chance est ailleurs,
J'ai vu un peuple qui ne veut pu plier,
Marcher fier et seul comme un peuplier,
J'ai vu quelqu'un s'faire marcher dessus au régulier,
monter sur ses grands sabots comme un écuyer,
J'ai vu un gars frôler la mort de deux pommes,
Se réveiller un nouvel homme
Pour déserter l'trafic des drogues
Pis retourner à l'école , le miracle...
C'est un coup d'grâce que d'apprendre de ses fautes,
Mais j'pense c'est encore plus un miracle
Que d'apprendre des erreurs des autres
Pis j'me dis que
Tant que y'aura de l'espoir,
J'sais qu'il sera jamais trop tard,
Le miracle...
Si t'ouvre bin les yeux tu peux en voir à chaque jour,
Dédicace à Natio pis à tous ceux qui ont décidé d'changer en cours de parcours...
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6. |
Interlude II
01:12
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7. |
I slam
03:36
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Je slam, tu slam
I slam
Parce qu’on a augmenté les prières
Parce que l’individualisme croissant bon sang
I slam
Il place des mots ici pis des mollah
Pis i s’en calife
Il le fait depuis qui jeûne
Même son père i demandait : « Coudonc, qu'est-ce que tu fatwa? »
« J’ai peur que tu t’es-soufisme dérange pas avec tes maudits Mohammed-iter dessus!! »
Mais I slam
Parce que plein de monde sont dans Shiite
Pis i trouve qu’il faudrait qu’on Sunnite
Fait qu’il travaille sur une écri-Turquie parle
Plutôt que sur une écri-Turban-Caire
Fidèle à sa voile poète djihad-orer ce qu’il fait
Il ne car-burka-ça
Il n’a dieu qu’Allah composition de textes, tout compte fait
C’est un prophète pour ça
I slam
Pour que l’aumône se lève debout
Pour qu’on se Mecque à aimer la poésie de genoux
Fakir ressemble un peu à un Fred Pellerin
I slam
Parce que sa minaret pas de se plaindre
Parce que sa ma-Mahomet d’écouter ses complaintes
Islam Abraham ouvertes
Pis il s’en fout si t’Aissa
Ou si tu le trouve pourr-imam!
I slam comme un fou
Parce que des PD-Jésus-bventionnent les plus riches
Parce que y’en a qui dorment à l’année longue dans un Ramadan
I slam
Parce que beaucoup se font marcher sur le Coran
Parce qu’on a besoin d’Hégire-ophares dans la noirceur de nos consciences
Pour lui c’est un arabe-solu facilement commu-niqab
Ça fait que la rime devient sa fibre
Comme un bon muezzin au son
I slam
Sans se dire nécessairement qu’il faut qu’il Perse
Mais bien parce que c’est un mosquée fondamentaliste
I slam
Il livre ses é-tapis les gens le trouvent ad-mihrab
Falah bien que ça lui Allah rive
Qu’il réussisse à hadith-er les gens
Avec toutes sortes d’i-maghreb-olutionnaires
I slam
Parce que ça l’al-lune
Parce que ça l’a-musulman-tal
Parce que trop de gens exagèrent et charia
Parce que c’est sa manière à lui
D’enfiler ses gants de boxe sur l’harem
Parce qui en a plein le casque
De voir des politiciens qui se muslim-age
I slam
Sans égard aux islamophobes
Parce que y’a trop d’allergies aux a-Rachid
Parce que y’é fier de ses textes Médine Québec
Il ausculte les mots halal loupe
Il se kaaba constamment
Parfois i nage même à contre-courant haram
Mais il réussit toujours d’arriver à Rome
Tout en se moquant des gens
Qui disent qu’être te-Nacer à rien
Avec sa plume il in-humus ses maux de tête
Il le fait comme si un Abdel était venu l’interpeller
C’est pour ceci, pour s’Allah
Et pour toutes ces raisons
Que le gars
I slam
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Dtrack Gatineau, Québec
Véritable vétéran MC, David Dufour alias D-Track possède une fiche professionnelle impressionnante, cumulant une quinzaine
d'années de travail dans le milieu hip-hop, près de huit albums/EP et 2 recueils de textes.
Aujourd'hui, il est de retour avec son cinquième album studio en carrière, une ode à son environnement. « Territoiredelours » est disponible partout!
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